Albert Camus célèbre les Noces à Tipasa, « habitée par les dieux… dans le soleil et l’odeur des absinthes, la mer cuirassée d’argent, le ciel bleu écru, les ruines couvertes de fleurs et la lumière à gros bouillons dans les amas de pierres… ». Les Noces sont des alliances.
Ici, dans les brumes et le givre, la terre rencontre le ciel. Un voile blanc s’est abattu sur la campagne. Le silence enveloppe et sature l’espace. La vie semble avoir déserté. Seuls, ici ou là, émergent d’étranges traits d’union ouatés tendus dans une improbable verticalité. Ils paraissent figés dans une danse immobile. Point de respiration !
Sous la lumière évanescente sourd une émotion singulière. On sait bien que le temps nous est compté et que cette beauté mystérieuse va nous quitter. Serait-ce une illusion ?
Ce sublime ordre blanc est en fait une ruse, un ersatz, un leurre d’hiver. La froide élégance des cristaux, la douce harmonie de ces Noces n’ont rien d’une véritable offrande.
Elles signent un déséquilibre, un mariage blanc, une NEIGE INDUSTRIELLE.