Composition de six tableaux issus d’un même cliché originel, déconstruit, malaxé, reconstruit, comme l’ont été des millions d’hommes et de femmes broyés par un système injustifiable. Ainsi, s’enchevêtrent graphiquement le blanc et le noir, unis par une histoire funeste, le dominant et le dominé, le bourreau et sa victime, à jamais reliés par le souvenir de la barbarie. C’est comme si l’architecture métallique du bâtiment se liquéfiait, se dé-réalisait face au cri de la souffrance mémorielle.
Mais les plaies génèrent également des cicatrices, les passés revisités sans passion aveuglante sont aussi des promesses d’apaisement et de fraternité. L’Histoire est toujours une « rumination constructive » et, comme le soulignait si justement Nietzsche, « l’homme de l’avenir est celui qui aura la mémoire la plus longue ».