Années 60/70 : le vieux monde se lézarde. Un autre paraît possible, dans des utopies incarnées, saturées d’énergies vitales, de sensualité et de paix. L’idée du bonheur se façonne alors dans l’épure, le voyage, la communion avec les éléments, contre les logiques de pouvoir, le poids des normes socio-culturelles en vigueur, le matérialisme consumériste, les illusions mercantiles. Et nous avions le sentiment de faire de cette idée une expérience, de la vivre dans ses déclinaisons oniriques !
Ces images psychédéliques saluent ceux qui en ont exploré les recoins ou partagent encore l’esprit originel de cette contre-culture, tout en témoignant, par leur fluidité graphique, de l’élasticité du temps qui passe. Elles sont des offrandes à ces folles alchimies vécues dans la foudroyante élégance de lieux pénétrés d’équilibres divins, la douce fureur des guitares, la légèreté des temps suspendus. Nous savions pourtant confusément qu’ « il n’y a pas d’amour de vivre sans désespoir de vivre » (A. Camus).
Aujourd’hui, les entrepreneurs du recyclage de rêves, désormais en conserve, proposent pour quelques euros, des « déguisements Flower Power : Pour être tendance tout l’été… Voilà la recette du succès : des fleurs, des cheveux longs et un discours écolo-révolté… se relooker en néo-hippies » !
Les ruses du « dispositif » généralisé du simulacre et de la simulation sont bien en place, les mythes sont réinvestis, la « société du spectacle » n’a jamais été aussi tristement tentaculaire et spectaculaire…