L’histoire du textile est associée à celle de l’humanité, elle en trace les contours, en marque les grandes étapes et les évolutions. Elle dessine des paysages, fixe les activités, organise les routes.
Laine, chanvre, lin, soie puis coton et matériaux synthétiques ont accompagné les mutations techniques du tissage comme de la teinturerie, donnant naissance à des étoffes d’une remarquable diversité tout en structurant les usages autour de dimensions aussi fonctionnelles, pratiques, que symboliques, culturellement codées, profanes ou sacrées.
Le bon sens populaire nous met en garde contre le risque de « se mettre dans de beaux draps », ce qui ne présagerait rien de bon…. mais ces draps, que masquent-ils, que suggèrent-ils ?
Ils sont souvent la pièce de tissu qui, dans une blancheur immaculée, accueille la naissance, accompagne les unions mais également la mort, et l’on parle alors de suaire ou de linceul. Ils peuvent aussi flotter au vent et sécher sous un soleil ardent en dessinant d’évanescentes arabesques propices à toutes les rêveries. On se prend alors à imaginer qu’à cet instant, ils jettent un voile de pudeur sur des corps entrelacés, saturés de désir… et que, selon la formule d’André Breton, ces « draps défaits sont l’aurore des choses ».